2 / Klaus Guingand

 

KLAUS GUINGAND, Artist
Behind the scenes of the movement #2

 

 

KG : Art Warning The World c’est mon avertissement, traduit dans 135 langues par 202 artistes visuels qui vivent tous dans leur pays. C’est un avertissement car je suis persuadé que la liberté va disparaitre, je pense que l’on vit les derniers temps. Nous avons connu une forme de liberté, pas une liberté total, mais le mot va sortir du dictionnaire, ensuite il y aura le mot amour qui va sortir je pense que malheureusement la majorité des gens ne savent pas ce qu’est l’amour. Ils pensent que l’amour c’est aimer une personne, on est dans la merde là ! (rires) Non l’amour c‘est aimer son prochain déjà, c’est une chose très importante.

 

Je considère les artistes qui m’ont suivit, car certains risquent pour leur liberté et risquent même des violences, c’est pour cela que certains ont choisis l’anonymat. D’autres artistes street art on caché leurs visages mais ne sont pas anonymes. Je considère ces artistes comme des sentinelles, le but de la sentinelle c’est de prévenir quand le danger arrive, si la sentinelle fait bien son métier, il sauve des vies, s’il n’y a pas de sentinelle les gens meurent. Donc là ça sera la liberté et plus tard je pense qu’une bonne partie de l’humanité va mourir pour moi on emmène tout doucement les gens à l’échafaud, mais il fait beau, ils rigolent, il comprennent rien, ils regardent un cinéma de merde, il écoute une musique de merde, ils regardent une télé de merde, le temps passe mais c’est sur ils vont tous à l’échafaud, pour l’instant ils dansent, ils sourient.

 

SC : Peux tu nous parler maintenant des drapeaux que l’on voit ici ?

 

KG : Donc te montrer quelques drapeaux. Là c’est celui des Bahamas, de JOHN BEADLE qui est en anglais car c’est la langue du pays. Celui de la suisse de BUSTART avec l’explosion de la croix suisse. Ca c’est le street artiste Iranien OHAM qui a fait beaucoup de prison, mais je suis content car il a maintenant migré en Allemagne, c’est donc écrit en Perse, là on a le street-artist SOCROME des Comors, la suède, pardon, en suédois, l’Afrique du sud, donc en anglais, on a aussi un autre artiste d’Afrique du sud, de la tribu Xhosa, qui est la véritable langue d’Afrique du sud.

 

SC : Donc il y a une vidéo par artiste en plus et une photographie ?

 

KG : Oui ils sont tous fait en plus une video et une photographie, là c’est Almoustapha Tambo, c’est un Touareg, à qui l’on a obligé de prendre la nationalité du Niger en fonction des zones de migration, donc ça c’est la calligraphie Touareg, très rare, l’Ouganda, en Swahilie, le Pakistan, en Urdu, il a répété plein de fois la phrase. Ca c’est une peintre Jordanienne, ce sont des extrait de journal de presse. Les gens ont fait beaucoup de choses, certains on coupés, ont brulés, il y a des gens qui l’on fait avec leur sang, l’Amérique, avec Freedom qui commence à disparaitre. L’Inde en Hindi, le Bhutan en Dzongkha. Là c’est l’artiste du Mozambique, Goncalo Mabunda, tu connais ?

 

Alors lui c’est un artiste qui récupère les stock d’armes récupérés par l’ONU et qui fait des oeuvres uniquement avec des armes, donc tu peux croire que c’est un fauteuil africain, mais quand tu te rapproche, tu t’aperçois que ce sont des armes, la Jamaïque… Après les pays je voulais faire les peuples… mais j’ai arrêté car j’ai pensé que nous allions encore y passer 3 ou 4 ans mais quand même, puisqu’ils ont leur drapeau depuis 4 ans maintenant, le peuple Gitans, dans leur langue le Romano, ils sont fière d’avoir leur drapeau maintenant.

 

Alors là c’est le Vanuatu, il y a 50 ans ils étaient encore cannibale, il a été plusieurs fois ministre cet artiste, le mot liberté n’existe pas au Vanuatu, donc il a mis freedom. Il y a deux ou trois pays sur cette planète ou le mot liberté n’existe pas.

 

SC : Tu es donc parvenu à trouver un artiste par pays ?

 

KG : Oui, un dans chaque pays, bon entre temps il y en a un qui est mort, le libyen. Là c’est le Timor Leste, donc ça ce sont tous les gens qui appartienne à une structure créé par un prix nobel qui s’appel Arte Moris car les Timorais ce sont fait extrêmement exterminés. Ils prend les jeunes des rues et essaie d’en faire des artistes, des peintres, la c’est écris en langue Tetum. Là c’est un street artiste mongole, il y a des street-artistes partout dans le monde, Magnifique !

 

La Syrie, car la Syrie changera de drapeau car ca devra se faire, beaucoup de pays ont changés de drapeau ou changé de nom. Avant je connaissais les Zaïrois, maintenant ça existe plus, il faut dire des Congolais. Donc le drapeau change, le nom du pays change, la monnaie change, les gens son perdu, car avant le mec était un Zaïrois, bah non maintenant tu es un Congolais ! (rires) Celui ci est réalisé par l’artiste russe Oleg Kulik, grand artiste, mais le but n’était pas d’avoir des grands artistes, mais le but était d’avoir des artistes, la plus part sont des hommes mais il y a aussi des femmes, je veux dire des artistes avec des couilles et ce n’est pas spécialement parcequ’il est un grand artiste qu’il a des couilles, d’ailleurs plus il est grand, plus les couilles partent, c’est souvent comme ça ! (rires) Oui car il faut protéger plein de choses quand les gens sont connus.

 

Les Papous, qui sont eux aussi en train de souffrir, depuis 15ans, il y a génocide du peuple Papous, pareil le mot liberté chez eux n’existe pas, personne n’en parle des papous, tout le monde s’en moque, ca c’est le Cambodge, avec un street artiste en langage Khmer, FONKi 514 Corée du Nord, une street artiste, une femme. Pour sortir cette oeuvre de Corée du Nord ça a été toute une aventure, elle a vraiment fait un tres beau drapeau. La c’est la Tchécoslovaquie, il a coupé et brulé le drapeau, le Monténégro en Monténégrain.

 

Donc moi ce que j’ai trouvé de plus émouvant, car faire une oeuvre comme celle ci est très émouvant, ce sont les artistes africains. On avait au Malawi un artiste qui dormait dans une voiture abandonnée, il allait voir ses email une fois tous les 10 ou 15 jours dans un cyber-bar mais il fallait qu’il marche 15 ou 20km mais en faisant attention aux hyènes, nous quand on se déplace on doit faire attention peut être aux délinquants et bien là bas ce sont les hyènes, les africains ne se plaignent pas, certains on même fabriqué leur drapeau, alors qu’avec les européens c’était compliqué avec certains en fait plus le pays est développé plus les artistes sont compliqués, plus le pays est pauvre, moins ils posent des questions. Ils sont déjà tellement content que tu penses à eux.

 

Ensuite les africains quand tu te marie ils t’écrivent, pour savoir si tu peux leur acheter une bague en or ou si tu peux leur acheter une TV, pendant un moment avec eux je suis devenu Darty, une bijouterie, une ambassade, parce qu’ils voulaient des papiers bien sur, ils pensaient tous que j’étais milliardaire. Je leur disait non attend je t’explique, toi tu es pauvre au Malawi, moi je suis pauvre français, ce n’est pas pareil mais ça l’est tout de même. Je suis un pauvre en France, mais ça ils ne le comprennent pas, ça n’existe pas pour eux des pauvres en France.

 

Cette oeuvre, comparativement à beaucoup d’oeuvres, n’est pas faite pour être vendue, l’art à la base n’est pas fait pour être vendu, ils en ont fait une marchandise, donc maintenant il faut que les choses se vendent, de préférence chère, car sinon les gens ne font pas attention c’est à dire qu’aujourd’hui on pourrait montrer des chef d’oeuvres à des gens, mais qui n’ont pas de prix et bien les gens ne pourraient pas les apprécier ce qui leur permet d’apprécier une oeuvre c’est le prix, il faut qu’il soit écrasant une artiste à la mode, américain, à 15 millions de dollar, là d’un seul coup ça leur parle, alors que ça ne parle pas, ce sont des oeuvres mortes, des oeuvres vides cette oeuvre est faite pour s’inscrire dans les cerveaux que cet avertissement soit compris ou alors tout est foutu, mais je les aurais prévenu !

 

 

KG : Art Warning The World is my warning translated into 135 languages by 202 visual artists who all live in their country. It’s a warning because I am convinced that freedom is going to disappear, I think we are living the last moments of freedom. We have known a certain freedom, not a total freedom, but the word will disappear from dictionaries, then the word love will be the one to disappear. I think that unfortunately, most people don’t know what love is, they think that love is about loving someone, we’re up shit creek now! No, love is about loving your fellow man first, that’s very important. I have a high opinion of the artists who followed me because some risk losing their freedom or violent retaliations, that’s why some chose to remain anonymous.

 

Other street artists hid their faces but are not anonymous. I consider them as sentinels. The goal of the sentinel is to warn others when danger arises, if the sentinels do their job right, they save lives, if there are no sentinels, people die, so now it will be freedom and later, I think that the largest part of humankind will die, to me, people are slowly taken to the gallows, but the weather’s fine, they are laughing, they just don’t get it. They watch shitty cinema, listen to shitty music, watch shitty TV. Time goes by but it’s a certainty, they’re all going to the gallows, for now they dance, they smile.

 

SC : Can you speak about the flags we see here?

 

KG : So, showing you some flags, This is the Bahamas by JOHN BEADLE, which is in English because that’s the language of the country, Switzerland by BUSTART with the explosion of the Swiss cross, this is the Iranian street artist OHAM, who went to jail for a long time, but I’m happy because he lives in Germany now, it’s written in Persian. There you have SOCROME, a street artist from the Comoros, Sweden, sorry, in Swedish. South Africa, so it’s in English, there is another artist from South Africa, from the Xhosa tribe, Xhosa is the original language of South Africa.

 

SC : So, there is one more video per artist and a photograph?

 

KG : Yes, they all added a video and a photograph, there it’s Almoustapha Tambo, he’s a Tuareg, who was forced to take the Nigerien nationality according to the migration zones. So this is the Tuareg calligraphy, very rare, Uganda, in Swahili, Pakistan, in Urdu, he repeated the sentence many times, this is a Jordanian painter, those are extracts from newspapers, people did a lot of things, some cut, some burnt. Some people did it with their blood. America, where Freedom starts disappearing, India in Hindi, Bhutan in Dzongkha. Here it’s Goncalo Mabunda from Mozambique, do you know him? This artist collects weapon stocks collected by the UN and creates artwork using weapons only, so you can think it’s an African armchair, but when you get closer. You realize those are weapons, Jamaica, after the countries, I wanted to do the peoples… but I stopped because I realized we would spend 3 or 4 more years on it.

 

But still, since they have had their flag for 4 years now, the Gipsies, in their language called Romani, they are proud of having a flag now. Here is Vanuatu, fifty years ago, they were still cannibals. This artist was several times minister, the word freedom doesn’t exist in Vanuatu, so he wrote freedom. There are a few countries on the globe where the word freedom doesn’t exist.

 

SC : So you managed to find one artist for each country?

 

KG : Yes, one for each, But in the meantime, one of them died, the Libyan, Here is East Timor, so those are all people who belong to a structure created by a nobel prize winner. Called Arte Moris because East Timorese got exterminated. He takes the youth from the streets and tries to make them become artists, painters. Here it’s written in Tetum. Here it’s a Mongolian street artist, there are street artists everywhere in the world, Amazing !

 

Syria, for Syria will change flag because it will have to be done, a lot of countries changed their flag or their name. I used to know Zairians, now they don’t exist anymore, you need to say Congolese. So, the flag changes, the name of the country changes, the currency changes. People are lost because the guy used to be a Zairian, well, now, you are Congolese ! This one was made by Russian artist Oleg Kulik, a great artist, but it wasn’t about getting great artists, it was about getting artists, men and women, I mean artists who have balls, and being a great artist doesn’t give you balls, besides, the greater the artist, the less balls, that’s usually the way it is. That’s right because you have to protect many things when people are famous. Papuans, who are also suffering, it’s been 15 years, because of the genocide of the Papuan people. It’s the same, they don’t have a word for freedom. Nobody ever talks about the Papuans, nobody cares.

 

This is Cambodia, with a street artist in Khmer, FONKi 514. North Korea, a street artist, a woman, it was such an ordeal to get this piece out of North Korea, She really did a very beautiful flag. Here it’s Czechoslovakia, he cut and burnt the flag, Montenegro in Montenegrin doing something like this is very moving, but what really got to me is the African artists in Malawi, we had an artist who was sleeping in an abandoned car. He would check his e-mails once every 10 or 15 days in a cyber bar, but he had to walk 15 or 20 km while watching out for hyenasWhen we walk around, we have to watch out for robbers. Well they have the hyenas.

 

African people don’t complain, some even made their flag, whereas with Europeans, it was complicated sometimes, in fact, the more developed the country, the more complicated the artists, the poorer the country, the least they wonder, they’re already so happy you thought of them, then when they get married, the Africans write to know if you can buy a gold ring for them or a TV set. For a while, I became like Best buy, a jeweler or an embassy to them because they wanted ID of course, they all thought I was a billionaire. I would tell them no wait let me explain, you are poor in Malawi, I am poor in France, it’s not the same but it still is, I’m poor in France but they don’t understand that, poor doesn’t exist in France to them this piece, comparatively to many others, is not meant to be sold.

 

Basically, art is not made to be sold, they turned it into a commodity, so now things need to be sold and they need to be expensive, otherwise people don’t pay attention you know, today we could show masterpieces to people, but without any price, well people would not appreciate them the price enables them to appreciate, it has to be crushing. A trendy American artist worth 15 million dollars, there they’ll listen when in fact there is no message, those are dead pieces, empty pieces this work is made to be etched in their brains for this warning to be understood or everything’s knackered, but I told them so!

 

 

Directed and produced : ViewOn
Original concept : Stéphane Chatry
Traduction : Marion Bouvet